Le texte qui suit est une compilation de textes reçus de Ryan Gorrie, MRAIC.
Né et élevé sur l’ancienne réserve autochtone de St. Peter, au nord de Selkirk, au Manitoba, le juge Sinclair est devenu une figure de proue des droits de la personne et de la réconciliation au Canada. Admis au barreau du Manitoba en 1980, il a axé sa pratique sur les litiges civils et criminels, le droit autochtone et les droits de la personne. Le juge Sinclair est réputé pour avoir représenté avec soin et avec passion ses clients, des administrations autochtones, des organismes de protection de l’enfance autochtones, des centres d’amitié, des organisations métisses et autres entreprises autochtones.
Le juge Sinclair a été appelé à la magistrature en 1988, devenant ainsi le premier juge autochtone du Manitoba et le deuxième du Canada. La même année, il a siégé aux côtés du juge en chef adjoint à titre de co-commissaire de la Commission d’enquête sur l’administration de la justice et les Autochtones du Manitoba. En 1995, le juge Sinclair a été nommé à la Cour du Banc de la Reine, où il a continué à diriger des procédures judiciaires très médiatisées et à mettre en place des processus de justice réparatrice dans toute la province.
En plus de sa pratique juridique, le juge Sinclair a enseigné à l’Université du Manitoba et a été professeur adjoint à la Faculté des études supérieures. Il a été invité à prononcer des allocutions à la grandeur du Canada et dans divers établissements universitaires prestigieux, dont l’Université de Cambridge, l’Université Yale et la faculté de droit de Harvard, ainsi qu’à l’intention de nombreuses organisations professionnelles, y compris l’Association canadienne des juges des cours provinciales et l’Institut national de la magistrature. Il a reçu 14 diplômes honorifiques, ainsi que des diplômes honorifiques de plusieurs collèges et de dizaines d’organisations autochtones et non autochtones.
Le juge Sinclair a siégé pendant des années à de nombreux conseils d’administration, notamment les Boy Scouts, les Cadets de l’Aviation royale du Canada, l’Association canadienne des étudiants en droit autochtones et le Centre Ma Mawi Wi Chi Itata, pour n’en citer que quelques-uns. En 1994, le juge Sinclair a été l’un des premiers à recevoir un Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (aujourd’hui appelé le prix Indspire) dans le domaine de la justice et en 2017, il a reçu le Prix pour l’accomplissement d’une vie d’Indspire.
Le juge Sinclair a été nommé président de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) du Canada chargée de contribuer à la vérité sur les pensionnats indiens, à la guérison et à la réconciliation en 2009. La CVR s’est déplacée dans plusieurs villes du Canada, a entendu 7 000 témoignages et, en 2015, a publié 94 « appels à l’action » pour « réparer les séquelles des pensionnats indiens et faire avancer le processus de réconciliation canadienne »*, exhortant tous les ordres de gouvernement – fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones – à modifier les politiques et les programmes dans un effort concerté pour réparer les préjudices causés par les pensionnats indiens et aller de l’avant dans le processus de réconciliation.
En 2016, le juge Sinclair a été nommé au Sénat du Canada en tant que sénateur indépendant où il a continué de plaider en faveur de diverses questions importantes.
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Le travail fondamental du juge Sinclair en tant que président de la CVR a marqué un tournant dans la politique culturelle canadienne, et a encouragé une réflexion collective sur les « fondements spirituels de notre vie nationale »** au 21e siècle. Les recommandations formulées par le juge Sinclair et la CVR ont modifié de façon permanente le paysage politique du Canada et ont eu un impact direct sur l’expression culturelle des nombreuses identités et cultures du pays.
L’impact des réalisations du juge Sinclair se manifeste dans tous les environnements physiques et culturels du Canada, comme en fait foi la création du Groupe de travail autochtone et du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC, en 2016, et l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l’IRAC et le Conseil canadien de certification en architecture (CCCA). La majorité des écoles d’architecture ont placé les questions autochtones au cœur de leur pédagogie, et un certain nombre d’entre elles ont créé des postes d’enseignant à temps plein centrés sur la recherche autochtone en architecture. À l’échelle du grand public, de nombreuses universités et municipalités accueillent et célèbrent les cultures autochtones dans l’ensemble de l’environnement bâti. Le gouvernement fédéral s’est engagé de manière encourageante à mettre en place, dans le cadre de ses procédures d’approvisionnement, des plans ambitieux qui favorisent la participation des entreprises détenues ou dirigées par des Autochtones, et qui amélioreront la prospérité économique des communautés pour les générations futures. Dans le même temps, les architectes autochtones sont reconnus dans les demandes de propositions pour leur expérience vécue et leurs connaissances dans le cadre d’une série de projets publics et communautaires. En 2018, NON CÉDÉES – Terres en récit a été la première représentation canadienne des peuples autochtones de l’île de la Tortue à la Biennale de Venise en architecture.
Notre sensibilisation accrue aux questions autochtones et la modification profonde de nos priorités collectives découlent de la CVR et du travail du juge Sinclair. Elles auront un impact durable sur l’avenir de notre environnement bâti au Canada, ainsi que sur la manière d’envisager l’architecture canadienne, sur la composition des équipes de projets, sur les concepteurs et sur la façon de représenter les nations autochtones à la communauté mondiale. L’impact du travail du juge Sinclair continuera de se faire sentir sur l’architecture, les arts et la culture au Canada pendant des générations.
Dans l’allocution qu’il a prononcée lors du dernier événement de la CRV, le juge Sinclair a déclaré : « J’espère que les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation contribueront à l’avènement d’une nouvelle ère pour le Canada, tant pour les Autochtones que pour les non-Autochtones. Je suis devant vous animé de l’espoir que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère – un point de changement fondamental dans l’histoire du Canada... une période de changement qui, si elle est soutenue par la volonté de la population, repositionnera à jamais l’histoire commune des peuples autochtones et non autochtones du Canada. Bien sûr, le changement ne sera pas immédiat. Il faudra des générations, c’est pourquoi il est important que les Canadiens demandent au gouvernement fédéral de créer des outils de réconciliation pérennes. » (Trad. libre]
* Commission de vérité et réconciliation du Canada. « Appels à l’action ». Pensionnats du Canada : Les séquelles. Rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, Volume 5, McGill-Queen’s University Press, 2015, pp. 317-341. JSTOR. https://publications.gc.ca/collections/collection_2015/trc/IR4-9-5-2015-fra.pdf. Consulté le 12 février 2024.
** Rapport Massey, 1951
L’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC), qui représente les architectes depuis un siècle, se bat contre un lien profond avec l’histoire coloniale du Canada. Lancée par la Proclamation royale de 1763, l’administration coloniale a établi une dynamique complexe entre la Couronne et les Premières Nations, ce qui a eu des impacts sur leurs droits par le biais de lois ultérieures comme la Loi sur la civilisation graduelle et la Loi sur les Indiens. Les conséquences durables, notamment le sombre héritage des pensionnats, s’infiltrent dans l’histoire du Canada.
Conscient de ce contexte historique et de l’impératif de réconciliation, l’IRAC a créé le Groupe de travail autochtone en 2016 et le Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation en 2020. En phase avec les valeurs prônées par son Plan stratégique 2022-2024, notamment l’intégrité, l’action climatique, la réconciliation, la justice sociale et l’innovation, cette voie transformatrice s’écarte des normes historiques pour en arriver à une compréhension plus globale de la responsabilité architecturale.
En parallèle avec les changements historiques, la reconnaissance de l’honorable juge Murray Sinclair par l’IRAC fait écho au moment crucial catalysé par la Commission de vérité et réconciliation (CVR) en 2015. Le rôle de M. Sinclair en tant que président de la Commission de vérité et de réconciliation sur les pensionnats indiens du Canada est particulièrement remarquable. Son leadership a attiré l’attention sur les injustices historiques et les structures systémiques qui traitent les Autochtones comme des êtres inférieurs.
L’engagement inébranlable de Murray Sinclair envers la vérité et la réconciliation, comme en fait foi son rôle au sein de la Commission de vérité et réconciliation, illustre sa détermination à démanteler les relations coloniales, à favoriser la justice spatiale et à défendre les droits des peuples fondateurs du Canada. Sa carrière juridique, au cours de laquelle il a assisté au démantèlement des pensionnats et a entrevu un avenir meilleur, témoigne de qualités d’empathie, de pardon et de communication qui s’harmonisent avec les valeurs évolutives de l’IRAC. L’attribution de la Médaille d’or de l’IRAC à Murray Sinclair en 2024 récompense ses réalisations individuelles, mais elle se veut aussi la reconnaissance par la profession du pouvoir transformateur de l’architecture dans la promotion de la réconciliation, de la justice sociale et d’un environnement bâti plus inclusif.
L’attribution de la plus grande distinction de l’IRAC à l’honorable Murray Sinclair est un incroyable honneur pour le conseil d’administration.
- Conseil d’administration de l’IRAC