En 1911, quatre ans seulement après sa fondation, l’Institut royal d’architecture du Canada a créé une délégation pour rencontrer le premier ministre du Canada, Robert Borden. La rencontre a porté sur le développement de la ville d’Ottawa qui ne respectait pas toujours les bons principes d’urbanisme et de design urbain, malgré la création de la Commission d’amélioration d’Ottawa, en 1899, et le plan directeur de la Cité parlementaire développé en 1905 par Frederick Todd.
Les membres de l’IRAC ont fait valoir l’importance d’un engagement soutenu en faveur d’un concept de planification coordonné lors de la prise de décisions relatives au développement d’une capitale nationale. Ils ont été convaincants, et deux ans plus tard, le gouvernement Borden a créé la Commission du plan fédéral en lui confiant le mandat d’élaborer un plan exhaustif pour la région de la capitale nationale qui s’étend sur les deux rives de la rivière des Outaouais et qui va bien au-delà de la Cité parlementaire. Le Rapport Holt, comme on l’a appelé par la suite, énonçait de nombreuses propositions d’aménagement qui ont défini la physionomie de la capitale. Au fil des ans, le plan original a été actualisé et amélioré. La dernière mise à jour remonte à 2006, et elle a été préparée par une équipe dirigée par DTAH Architects.
Lorsqu’une proposition d’ériger un important monument sur un terrain déjà réservé pour un édifice fédéral majeur a menacé cet héritage d’urbanisme et design urbain régional réfléchi, un peu plus tôt cette année, les architectes sont de nouveau montés au front. L’IRAC, de concert avec des architectes individuels et des associations professionnelles apparentées, a invité le gouvernement à reconsidérer cette décision, et à respecter le plan qui est le résultat d’un siècle de design et de consultation. Le gouvernement est resté insensible à cette intervention, mais les médias locaux et nationaux ont vite repris la nouvelle et le grand public a massivement appuyé la prise de position de l’IRAC. Une proposition qui aurait pu être facilement approuvée et mise en œuvre est devenue le sujet d’un remarquable débat public sur le design urbain et les symboles nationaux qui s’est poursuivi pendant plusieurs mois. Aucune décision finale n’a encore été prise au moment d’écrire ces lignes, mais il est clair que l’IRAC a favorisé une importante discussion publique sur l’environnement bâti et qu’il est une autorité reconnue aux yeux des médias et du grand public.
Toutes les collectivités du pays peuvent tirer parti d’un débat public sur la qualité de l’environnement bâti et sur ce que représente l’excellence du design. L’IRAC, par l’entremise de son secrétariat national et de ses sections régionales, s’efforce de susciter de tels débats. Parmi ses récentes initiatives, l’IRAC a reconnu les champions locaux de l’architecture à Vancouver; il a exprimé ses inquiétudes concernant un ajout qui menace l’intégrité architecturale d’un bâtiment remarquable de Montréal; et il a invité les partis politiques nationaux à exprimer leurs points de vue sur l’environnement bâti. Nos membres comprennent bien les enjeux locaux et l’IRAC leur apporte un soutien crédible qui fait autorité dans leurs efforts de sensibilisation.
Par ailleurs, l’IRAC a créé récemment le Groupe de travail sur les communautés autochtones durables dont le président et la plupart des membres sont des architectes, des stagiaires, des étudiants et des designers autochtones. Ce groupe motivé et dynamique apportera une nouvelle voix dans les discussions importantes visant à corriger les iniquités que subissent les Canadiens autochtones, une voix qui témoignera de la vision des architectes sur ce qui contribue à la création de collectivités où il fait bon vivre.
L’IRAC œuvre également à la promotion des connaissances de la pratique de la profession.
La modélisation des données du bâtiment (MDB ou BIM), par exemple, demeure une technologie émergente au Canada, mais elle devient rapidement le courant dominant en Europe et en Asie. L’IRAC fait partie de l’Institut pour la BIM au Canada, une section de Building Smart International, et il appuie le projet de création de normes et de pratiques ouvertes de la MDB pour le marché canadien. Un nouveau libellé contractuel a été créé pour la MDB et un manuel de pratique sera bientôt disponible pour offrir aux praticiens canadiens les outils nécessaires à la mise en œuvre de la MDB d’une manière conforme aux normes internationales. Ce manuel s’adressera aux professionnels de toutes les disciplines, mais il est important de souligner que le Manuel canadien de pratique de l’architecture a servi de modèle en raison de sa clarté et de son accessibilité.
Sur la scène internationale, l’IRAC continue de faire rayonner l’architecture canadienne, notamment par son engagement envers la Biennale de Venise en architecture. En outre, comme les bureaux d’architectes canadiens sont de plus en plus présents à l’étranger, l’IRAC est en train d’établir un nouveau comité des relations internationales. Enfin, l’IRAC apporte son soutien aux ordres d’architectes provinciaux et internationaux en vue de la conclusion d’un Accord de reconnaissance mutuelle avec l’Union européenne.
L’IRAC est le porte-parole de l’architecture au Canada et depuis plus d’un siècle, il plaide en faveur de l’architecture et de l’intérêt public. Notre histoire a démontré que nous avons la capacité d’influencer la prise de décisions aux plus hauts niveaux. Il est certain que de nouveaux défis et de nouvelles occasions se présenteront dans le futur et il est important que notre effectif soit solide et engagé.
Nous avons besoin de votre soutien pour que l’IRAC puisse poursuivre sur sa lancée. Je vous invite à cette fin à renouveler votre adhésion dès aujourd’hui.
Allan Teramura, FRAIC
Président 2016