Centre psychiatrique de Yorkton, 1964
Yorkton,
SK
Catégorie de prix:
Prix du XXe siècle
Izumi Arnott et Sugiyama

Texte par Bernard Flaman, SAA, FRAIC, membre du comité d'experts du Prix du XXe siècle
Le design de Kiyoshi Izumi pour le Centre psychiatrique de Yorkton tire parti de son analyse d’un projet antérieur : l’hôpital Saskatchewan, à Weyburn. Lorsque cet établissement de soins psychiatriques a ouvert ses portes en 1921, il était le plus grand édifice du Commonwealth britannique. Izumi a réalisé une analyse approfondie des longs corridors encombrés aux sols revêtus de matériaux durs de l’hôpital de la Saskatchewan. Le Centre psychiatrique de Yorkton, avec ses espaces de soins de plus petites dimensions, ses couloirs courts et ses aires communes baignées de lumière naturelle, est tout le contraire de Weyburn. Il témoigne également du vif intérêt d’Izumi pour une meilleure compréhension de la perception des patients psychiatriques, qui l’a incité à expérimenter les effets du LSD sous la supervision des chercheurs Humphry Osmond et Abram Hoffer. « L’objectif était de comprendre certaines expériences et certains problèmes des malades psychiatriques, afin de pouvoir les prendre en compte dans la conception des bâtiments », écrivait-il dans son article de 1970 intitulé « LSD and Architectural Design ».
Les plafonds en pente des aires communes de Yorkton et l’usage intensif du bois pour les plafonds créent une ambiance chaleureuse et répondent à l’exigence d’un contrôle acoustique pour éviter que les échos ne dérangent les patients. Les éléments de conception des chambres des patients ont été développés à partir de maquettes et intègrent de nombreuses caractéristiques d’atténuation d’effets indésirables. La plus apparente est la fenêtre en saillie, qui est inclinée de manière à éviter les reflets qui pourraient déranger un patient la nuit. Dans le même ordre d’idées, les placards traditionnels, dont le contenu pourrait engendrer des pensées angoissantes, ont été remplacés par un espace de rangement à la tête du lit, derrière l’oreiller du patient. Un éclairage réglable et un plafond en bois naturel contribuent à créer une atmosphère chaleureuse.
Né à Vancouver de parents immigrants japonais, Izumi est le plus ancien architecte canadien d’origine japonaise connu. Ses parents et deux membres de sa fratrie ont été internés dans la foulée de l’adoption de la Loi sur les mesures de guerre du Canada en 1942, mais il a quant à lui évité les camps d’internement de la Colombie-Britannique et s’est établi à Regina, avec l’aide de sa petite communauté japonaise. Il a obtenu son diplôme de l’École d’architecture de l’Université du Manitoba en 1948. Il a reçu la bourse de voyage Pilkington et, plus tard, une bourse de l’IRAC pour des études supérieures au MIT à Boston.
Profitant de l’essor économique de l’après-guerre, Izumi a stimulé le développement de l’architecture moderniste et civique en Saskatchewan. Il s’est associé avec son ancien camarade de classe Gordon Arnott et l’ingénieur en structure James Sugiyama pour créer la firme Izumi Arnott and Sugiyama. Forte de la sensibilité d’Izumi en matière de design, du sens des affaires d’Arnott et de l’expertise en structure de Sugiyama, l’équipe a prospéré et a réalisé de nombreux bâtiments municipaux importants en Saskatchewan pendant ses 15 années d’existence (1954-1969).
À Regina, le cabinet a réalisé un tour du chapeau culturel : l’agrandissement de la galerie d’art Norman Mackenzie, la bibliothèque publique centrale de Regina et le Centre des arts de la Saskatchewan (aujourd’hui le Centre des arts Conexus). La firme a également élaboré le deuxième plan directeur de l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon, qui a orienté l’expansion d’après-guerre du campus, y compris le Marquis Hall, le pavillon de biologie W. P. Thompson et l’école de médecine vétérinaire du Western College.
La firme Izumi, Arnott and Sugiyama a conçu tout le mobilier de le Centre psychiatrique de Yorkton et a utilisé des matériaux durables, au long cycle de vie, comme la brique d’Estevan et les revêtements de sol en terrazzo, qui sont devenus une marque de commerce de ses travaux des années 1950 et 1960.
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Archives et collections spéciales de l’Université du Manitoba, Fonds Henry Kalen, PC 219 (A.05-100), Boîte 174, Dossier 900, élément 9. PHOTO: HENRY KALEN

Archives et collections spéciales de l’Université du Manitoba, Fonds Henry Kalen, PC 219 (A.05-100), Boîte 174, Dossier 900, élément 10. PHOTO: HENRY KALEN
Comité d'experts du Prix du XXe siècle