Les architectes prônent un design autochtone pour le nouveau centre | Institut royal d'architecture du Canada

Les architectes prônent un design autochtone pour le nouveau centre

OTTAWA, le 20 juin 2017 – Le bâtiment ayant abrité l’ancienne ambassade des États-Unis à Ottawa n’est pas un espace approprié pour un centre dédié aux Autochtones, souligne le groupe de travail autochtone de l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC) en cette veille de la Journée nationale des Autochtones.

« Les peuples autochtones héritent toujours de produits de seconde main, de bâtiments et de terres que les colons n’utilisent plus », selon le groupe de travail composé d’une trentaine de membres, la plupart étant des architectes, des étudiants, des stagiaires et des enseignants en architecture issus des communautés autochtones. « Depuis trop longtemps, les communautés autochtones du Canada ont été contraintes d’accepter des espaces inutilisés qui n’ont aucun lien significatif avec leurs cultures et la connectivité unique qu’elles entretiennent avec le lieu. »

« Autre élément de frustration, des sites sacrés et des terres litigieuses, comme les îles de la rivière Outaouais entre l’Ontario et le Québec, qui ont été un lieu de rassemblement des Autochtones pendant des milliers d’années, sont en cours de développement sans avoir fait l’objet d’un consensus adéquat au sein de la communauté autochtone.»

Les médias locaux ont rapporté que le gouvernement fédéral s’apprête à annoncer en juin que l’ancienne ambassade deviendra un espace dédié aux Inuits, aux Métis et aux communautés des Premières Nations. La Journée nationale des Autochtones est célébrée le 21 juin. « Encore une fois,la décision est prise sans une réelle consultation au préalable », a déclaré le président du groupe de travail, Patrick Stewart, Ph. D., de la Nation Nisga’a.

L’édifice patrimonial du 100 rue Wellington, directement en face de la Colline du Parlement, est inoccupé depuis 18 ans.

« Sur une note positive, le site a une importance considérable et il symbolise la maturité d’une relation de nation à nation bâtie sur le respect mutuel », ajoute le groupe de travail. « Toutefois, la discordance entre le bâtiment et les valeurs des communautés autochtones du Canada est tout aussi importante. » 

Le néo-classicisme est probablement le style architectural le plus identifié à la colonisation. Ce bâtiment, qui fait référence à l’architecture de Washington est fait de pièces officielles, de bureaux et de hiérarchies qui font écho aux structures de l’autorité européenne. « Ce n’est pas le premier choix des Premiers Peuples du Canada », ajoute le groupe de travail.

Par contre, si le gouvernement fédéral va de l’avant avec cette idée, le groupe de travail est d’avis que l’emplacement, avec ses terrains vacants des deux côtés, offre une occasion de construire une nouvelle structure dédiée aux Autochtones ou d’adapter le bâtiment existant.

« En consultant les Aînés autochtones, les détenteurs du savoir, les membres des communautés et les architectes autochtones, il est possible de reconfigurer le terrain et le bâtiment, d’examiner toutes les options, et d’offrir un espace accueillant qui suscitera une immense fierté pour tous les peuples autochtones du Canada », dit-il.

« La première étape serait peut-être que le gouvernement fédéral consacre des fonds pour la conception et la construction d’un bâtiment culturellement adapté et basé sur le savoir autochtone, en retenant les services d’architectes autochtones », ajoute Patrick Stewart. 

Pour être clairs, il s’agit seulement d’une option. Par ailleurs, il ne faudrait pas que l’utilisation de ce site interfère avec une vision des peuples autochtones d’établir un centre sur les îles de la rivière Outaouais, entre l’Ontario et le Québec.

« Nous invitons le Canada à un dialogue constructif qui reconnaît le caractère sacré de la terre et du lieu et qui commence avec une vision de ce que pourrait être un centre pour Autochtones dans la capitale nationale. »

Au nom du groupe de travail, le communiqué est signé par :

  • Patrick Stewart, Ph. D., (Nisga'a), MRAIC, président du groupe de travail, ancien président de l’Architectural Institute of British Columbia, architecte praticien et professeur agrégé à l’École d’architecture McEwen de l’Université Laurentienne;
  • David Fortin, Ph. D., (Métis), MRAIC, professeur adjoint et prochain directeur de l’École d’architecture McEwen de l’Université Laurentienne.

 

AU SUJET DU GROUPE DE TRAVAIL AUTOCHTONE DE L’IRAC

Ce groupe de travail a pour but de favoriser et de promouvoir l’architecture et le design autochtones au Canada et de collaborer avec les communautés autochtones à la défense de leurs intérêts. Ses membres croient que l’architecture est une profession à caractère public qui joue un rôle important dans la réconciliation et qui peut corriger des injustices en redonnant aux peuples autochtones la capacité d’agir.

 

AU SUJET DE L’IRAC

L’Institut royal d’architecture du Canada est le principal porte-parole de l’excellence dans le cadre bâti au Canada et représente quelque 5 000 membres. L’IRAC plaide en faveur de l’excellence, œuvre à démontrer comment la conception améliore la qualité de vie, et promeut une architecture responsable qui tient compte d’importantes questions de société.