Réflexions sur la réconciliation : Histoires de notre communauté | Institut royal d'architecture du Canada

 

Réflexions sur la réconciliation : Histoires de notre communauté

La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher

Le Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC est honoré de partager des réflexions et des perspectives personnelles qui illustrent la réconciliation comme un parcours relationnel et continu, plutôt qu’une tâche complétée. Nous vous invitons à explorer ces histoires, à approfondir votre apprentissage et à réfléchir à la façon dont vous pouvez soutenir un alliéship significatif et le leadership autochtone dans l’évolution du milieu bâti.



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    Darian McKinney, MRAIC

    Coprésident, Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC
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    Que signifie pour vous « La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher » et qu’espérez-vous que la profession architecturale et les futures générations retiendront?

    « La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher » reconnaît que la réconciliation est un processus continu. Ce n’est pas seulement un objectif à atteindre, mais une façon de travailler. Cela signifie aussi que notre processus continuera d’évoluer et de s’adapter au fil du parcours. Cela reconnaît également que chaque expérience est unique, et que nous devons offrir des occasions constantes pour que les voix autochtones soient présentes à la table — et de tous côtés de la table. Nous voyons déjà cette influence avec le nombre croissant de professionnel·le·s et de projets autochtones partout au pays. J’espère que nous continuerons à faire avancer ce processus, à écouter et à apprendre. Développer un milieu bâti qui est ancré dans son lieu, qui répond à l’environnement et évolue avec lui, en devenant une partie intégrante de cet environnement.

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    Jennifer Cutbill, FRAIC

    Coprésidente, Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC
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    Introduction

    Je me présente en hən̓ q̓ əmin̓ əm̓ — la langue des xʷməθkʷəy̓ əm, Tsleil-Waututh et d’autres Nations Salish de la côte du bas stɑl'əw̓ (rivière Fraser) — une langue que je m’efforce d’apprendre grâce à l’immense générosité et à la patience du gardien de la langue xʷməθkʷəy̓ əm Larry Grant (et d’autres). L’apprentissage de nouvelles langues me rappelle qu’une langue ne transmet pas seulement du sens : elle porte des valeurs, des savoirs, et des façons de connaître et d’être… qui façonnent notre compréhension du monde et de nos rôles et responsabilités en relation avec celui-ci.

    Malheureusement, parmi les plus de 60 langues autochtones distinctes parlées sur l’île de la Tortue – appelée Canada de façon coloniale – TOUTES sont maintenant gravement menacées en raison des violences du passé et des schémas et biais nuisibles qui persistent dans les systèmes et structures, continuant de les réduire au silence.

    Pourquoi le travail de l’IRAC sur la vérité et la réconciliation est-il important, selon moi?

    Comme plusieurs gardien·ne·s du savoir l’ont exprimé, bien mieux que moi : nous ne pouvons pas prendre de bonnes décisions pour aller de l’avant si nous ne comprenons pas d’abord où nous sommes… et comment nous en sommes arrivés là. Apprendre — et désapprendre — les vérités essentielles : les vérités liées aux terres, aux eaux et aux systèmes vivants que nous partageons — des relations vitales qui nous soutiennent tous; les vérités concernant les peuples autochtones distincts qui ont entretenu depuis des temps immémoriaux des relations réciproques et florissantes avec ces systèmes; et les vérités concernant les modèles coloniaux et capitalistes — passés et actuels — qui portent atteinte à ces relations et alimentent les crises auxquelles nous faisons face. Apprendre et désapprendre ces vérités constitue une responsabilité fondamentale pour nous TOUS — et particulièrement pour celles et ceux qui œuvrent en conception environnementale, puisque notre travail façonne littéralement ces relations pour les générations présentes et futures… pour le meilleur ou pour le pire.

    Que signifie pour moi « La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher »?

    Passionnée par les mots et leurs définitions, je pense à la façon dont la Commission de vérité et réconciliation (CVR) définit la réconciliation : « un processus continu d’établissement et de maintien de relations respectueuses ». Par définition, ce processus n’est jamais terminé; il se réalise dans l’action — dans la création et l’entretien de relations fondées sur le respect mutuel, la responsabilité et le soin.

    Même si nous sommes tous engagés dans ce parcours, le travail ardu pour réparer les torts revient aux personnes non autochtones; car ce sont nos actions collectives — passées et présentes — qui ont créé et continuent de perpétuer des torts multiples.

    Selon la CVR et bien d’autres, ce travail exige : reconnaître les torts passés et présents; respecter les droits inhérents des peuples autochtones — ainsi que les lois, valeurs et protocoles distincts qui les fondent; et prendre des mesures concrètes pour les soutenir — en utilisant la Déclaration des Nations Unies comme point de départ — afin de créer ensemble des voies justes et équitables : des voies fondées sur le respect mutuel, la compréhension mutuelle et conçues conjointement pour un avenir prospère pour tous.

    Qu’espéré-je que la profession architecturale et les futures générations retiendront?

    Même si l’on peut croire que cette idée de « parcours » n’est qu’une expression, changer les mots que nous utilisons peut changer les concepts que nous associons à ces mots… ce qui peut, en retour, changer les comportements et les normes. Ainsi, j’espère que cette manière de cadrer la réconciliation encouragera des changements — en passant d’approches superficielles ou mécaniques à des pratiques relationnelles fondées sur la curiosité critique, la responsabilité réciproque, le soin abondant et l’épanouissement mutuel.

    Dans cet esprit, nous soulignons la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation non pas avec des événements ponctuels, mais avec un engagement à pratiquer la réconciliation chaque jour — dans chaque projet et chaque politique; et avec une invitation à partager vos apprentissages, vos questions et vos expériences (vos réussites, et encore plus vos erreurs et les apprentissages précieux qu’elles apportent), afin que nous puissions nous soutenir, nous inspirer et nous encourager les un·e·s les autres à avancer ensemble.

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    David Fortin, FRAIC

    Ancien coprésident, Groupe de travail autochtone de l’IRAC

    Q : Que signifie pour vous « La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher » et qu’espérez-vous que la profession architecturale et les futures générations retiendront?

    L’IRAC est la voix de défense unique de la profession d’architecture; ainsi, son travail en matière de vérité et réconciliation est essentiel, car il définit le ton concernant nos responsabilités professionnelles et personnelles.

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    Le parcours de réconciliation restera continu — il ne sera jamais « complété ». Mais ultimement, si le milieu bâti peut mieux soutenir les communautés autochtones comme priorité, et exprimer respectueusement la grande diversité des cultures du pays, alors nous pourrons tous vivre dans des lieux plus profondément liés aux terres et aux traditions du lieu. Le nombre croissant de jeunes des Premières Nations, Métis et Inuit qui s’intéressent à l’architecture démontre que ce travail est significatif et porteur. Ce qui m’enthousiasme le plus, ce sont les prochaines générations de concepteurs autochtones qui façonneront notre monde d’une manière qui honore réellement nos ancêtres, nos descendants et toutes nos relations. De plus, l’architecture est intrinsèquement une profession axée sur les relations et offre un moyen concret de rassembler les gens de manière respectueuse pour bâtir ensemble. Dans le contexte de la réconciliation, c’est particulièrement précieux.

    Quelles expériences dans ce parcours ont été les plus significatives pour vous, et pourquoi?

    La mise sur pied du GTA (Indigenous Task Force) est la plus significative pour moi. Elle a essentiellement mené à la création de UNCEDED, qui a représenté le Canada à la Biennale de Venise 2018. Elle a donné à la communauté architecturale autochtone l’occasion de trouver sa voix dans la profession, tout en offrant un réseau de soutien. Il a aussi été très gratifiant de voir comment l’IRAC reconnaît maintenant régulièrement l’importance de la participation des Aîné·e·s et des communautés à la conférence à travers le pays. Bien que certain·e·s puissent critiquer cela comme étant performatif, je suis en désaccord. C’est significatif et cela établit l’importance d’un engagement respectueux. Enfin, voir les voix autochtones intégrées au conseil d’administration démontre un leadership qui valorise leur présence à la table.

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    Marie-Louise Gidaro, FRAIC

    Membre, Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC
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    La réconciliation est à la fois un parcours personnel et une responsabilité partagée. Elle commence par la reconnaissance des vérités, des torts passés et des injustices systémiques subies par les peuples autochtones partout au Canada.

    Elle implique des actions concrètes visant à réparer les torts et à rétablir la confiance pour des relations significatives et respectueuses entre Autochtones et non-Autochtones.

    Travaillant dans le secteur public et en architecture, je reconnais que la réconciliation doit être intégrée dans les structures que nous concevons et les systèmes que nous soutenons. Cela signifie écouter attentivement les voix autochtones, respecter les savoirs traditionnels et créer des espaces — physiques et relationnels — qui honorent la présence, les valeurs et les cultures autochtones.

    La réconciliation n’est pas une case à cocher. C’est un parcours continu qui demande humilité, apprentissage et — plus encore — désapprentissage. Cela exige d’examiner mes propres biais, de remettre en question le statu quo et de défendre un changement significatif. Ce parcours ne repose pas uniquement sur des moments de cérémonie ou de reconnaissance, comme la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, mais sur les décisions quotidiennes qui façonnent notre avenir collectif.

    L’architecture, en tant que création de lieux dans le temps et l’espace, possède un potentiel profond pour favoriser un changement significatif dans le cadre de la réconciliation. Je demeure optimiste que notre profession évolue au-delà des représentations superficielles de l’autochtoneité et qu’elle adoptera des approches véritablement informées par les perspectives autochtones — fondées sur un engagement authentique et alignées sur les valeurs, les besoins et les aspirations des peuples autochtones.

    La réconciliation repose sur la construction de relations. Elle concerne l’établissement de la confiance, le respect mutuel, et la marche commune vers un avenir où les droits autochtones sont respectés, les cultures célébrées et la guérison possible.

    Je suis Marie-Louise Gidaro, architecte, non-Autochtone, membre de l’Ordre des architectes du Québec, Fellow de l’Institut royal d’architecture du Canada et honorée d’être membre du Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC.

    Je vis et je pratique sur le territoire non cédé et non abandonné de la Nation algonquine anichinabée.

    Voici mon parcours sur le chemin de la réconciliation.

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    Allan Teramura, FRAIC

    Ancien président de l’IRAC

    Q : Que signifie pour vous « La réconciliation est un parcours, pas une case à cocher » et qu’espérez-vous que la profession architecturale et les futures générations retiendront?

    Lorsque la cheffe Teresa Spence a déclaré l’état d’urgence et entamé une grève de la faim pour attirer l’attention sur les conditions de vie dans la Première Nation d’Attawapiskat, j’étais un nouveau directeur élu de l’IRAC pour la région qui incluait sa communauté. Il est vite devenu clair que les conditions qu’elle dénonçait ne s’étaient pas « simplement produites », mais étaient le résultat d’efforts soutenus de la part d’institutions et de professionnel·le·s formé·e·s et bien rémunéré·e·s.

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    Un long travail de collecte de faits s’est conclu par un voyage dans la communauté voisine de Kashechewan — accessible uniquement par avion — qui faisait face à des défis similaires, à l’invitation du député Charlie Angus. Troublé par ce que j’ai vu, je suis revenu convaincu que les architectes avaient l’obligation morale de soutenir celles et ceux qui subissent les conséquences d’un aménagement imprudent, voire dangereux.

    L’IRAC, qui a toujours célébré l’excellence architecturale par ses programmes de prix, peut également attirer l’attention sur les parties du milieu bâti qui étaient, par conception, loin d’être excellentes. Cela est particulièrement vrai pour les environnements qui, d’une certaine manière, exprimaient un mépris pour une population précise.

    Les mauvaises solutions sont souvent créées par des personnes bien intentionnées, mais externes à la communauté. Ce paradoxe a été discuté à plusieurs réunions du conseil de l’IRAC, et il est devenu clair que, pour défendre de meilleures conditions de vie dans les communautés autochtones, la meilleure approche pour l’Institut consistait à utiliser son autorité institutionnelle pour soutenir et amplifier les praticien·ne·s autochtones.

    Finalement, six ans après l’appel à l’action de la cheffe Spence, le Groupe de travail autochtone de l’IRAC a été créé, rassemblant les architectes autochtones du Canada et amplifiant leurs voix.

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    Jennifer Kinnunen, MRAIC

    Membre, Groupe de travail sur la vérité et la réconciliation de l’IRAC
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    Je m’appelle Jennifer Kinnunen. Je suis une alliée d’origine finlandaise et italienne, de première génération, dont le parcours en architecture a été façonné par l’engagement communautaire et la conception participative. Au fil des années, j’ai eu le privilège d’apprendre auprès de collègues, de mentors et de communautés autochtones dont les enseignements ont profondément transformé ma compréhension du design et de la responsabilité.